L’école de Palo Alto est un courant de pensée et de recherche ayant pris le nom de la ville de Palo Alto en Californie, à partir 1952. Ces approches sont déclinées en psychologie, psycho-sociologie, sciences de l’information et de la communication en rapport avec les concepts de la cybernétique. Ce courant est à l’origine de la thérapie familiale et de la thérapie brève. L’école a été fondée par Gregory Bateson avec Donald D. Jackson, John Weakland, Jay Haley, Richard Fisch, William Fry et Paul Watzlawic et la contribution de Milton Erickson
En 1952, l’anthropologue Gregory Bateson obtient le financement de la fondation Rockefeller pour une étude portant sur : Paradoxe de l’abstraction dans la communication
Bateson est fortement influencé par la cybernétique, née des conférences Macy auxquelles il participe de 1942 à 1953. Lors de ces conférences, Bateson coopère au sein d’un groupe multidisciplinaires de mathématiciens, logiciens, anthropologues, psychologues et économistes afin de mettre à jour une science générale du fonctionnement de l’esprit.
Aux membres du Projet Bateson se rajoutent les anthropologues Ray Birdwhistell et Edward T. Hall, le médecin Albert Scheflen, le sociologue Erving Goffman et Margaret Mead.
En 1954, Bateson obtient de la part de la fondation Macy un financement pour deux ans pour l’étude de la communication chez les schizophrènes.
Nouveau dans le groupe Donald D. Jackson qui vient de publier son article « La question de l’homéostasie familiale » dans lequel il applique les concepts de « Milieu Interne » de Claude Bernard et d’homéostasie de Walter Bradford Cannon à l’étude de la famille. Jackson a appris à observer les troubles psychiatriques dans une perspective interactionnelle lors de son travail avec Harry Stack Sullivan et Frieda Fromm-Reichmann, de 1947 à 1951. Il s’est également intéressé aux travaux sur l’hypnose de Milton Erickson.
En 1956, les membres du projet publient leur article commun Vers une théorie de la schizophrénie qui introduit le concept de « double contrainte ». Les auteurs envisagent la maladie mentale comme un mode d’adaptation à une structure pathologique des relations familiales. Cette théorie provoque un bouleversement des conceptions psychiatriques traditionnelles et contribue au développement de la thérapie familiale.
En 1959, Don Jackson fonde le Mental Research Institute (MRI) à Palo Alto avec Virginia Satir et Jules Riskin. Paul Watzlawick, puis Richard Fisch, Jay Haley et John Weakland les rejoignent .
Bateson quitte Palo Alto en 1963.
En 19682, Richard Fisch crée le Centre de thérapie brève au sein du MRI. Il y est rejoint par Watzlawick et Weakland qui continueront à y travailler jusqu’à leur mort.
Jay Haley quitte le MRI en 1967 pour rejoindre Salvador Minuchin et Braulio Montalvo à Philadelphie et développer son approche stratégique. Virginia Satir quitte le MRI en 1968, année de la mort de Jackson.
Watzlawick, Weakland et Fisch développent l’approche clinique de Palo-Alto, la grille d’intervention « classique » de la thérapie brève. En 1974, ils publient leur livre Changements : Paradoxes & psychothérapie.
Les principaux successeurs de l’équipe de Palo Alto sont le Centre de Thérapie familiale de Milan, fondé en 1981 par Gianfranco Cecchin et Luigi Boscolo, le Brief Family Therapy Center de Milwaukee, fondé en 1978 par Steve de Shazer et Insoo Kim Berg, le Centre de Thérapie Stratégique d’Arezzo, dirigé par Giorgio Nardone, Le Mental Research Institute a nommé deux représentants francophones l’Institut Gregory Bateson de Liège, fondé par Jean-Jacques Wittezaele et Teresa Garcia en 1987 et CIRCÉ « centre d’intervention et de recherche sur le changement et l’évolution des systèmes humains » fondé en 2008 à Paris par Teresa Garcia-Rivera. À Tournai, l’Espace du Possible, fondé par Yves Doutrelugne, forme à l’intervention et à la thérapie systémique brève depuis 1988.
L’influence de la « première cybernétique » sur l’école de Palo Alto s’est traduite par le fait que le thérapeute ne considère plus son patient comme un individu isolé sur lequel il devrait poser un diagnostic psychiatrique mais s’intéresse aux interactions actuelles du patient avec son environnement qui maintiennent son problème. En d’autres termes, le thérapeute se demande comment le système maintient l’homéostasie.
Influencés par les travaux de Heinz von Foerster sur la cybernétique de deuxième ordre qui soulignera par exemple, que si le patient résiste c’est que le thérapeute est en train d’exercer une pression sur lui et ne l’accompagne pas dan sa totalité.
Une personnalité ne peut être définie en faisant abstraction du réseau complexe de relations interpersonnelles qu’entretient la personne dans son quotidien.
Indépendamment du mouvement de l’antipsychiatrie, mais en convergence relative avec lui, l’école de Palo Alto a contribué aussi à une profonde remise en question des fondements de la psychiatrie, en particulier de la validité d’une nosographie ayant prétention à se vouloir universelle. Ainsi, en 1962, Paul Watzlawick publie une recension critique du livre de Ronald Laing, Soi et les Autres.
En 1976, Heinz von Foerster se lie au MRI à l’occasion de la deuxième conférence à la mémoire de Donald D. Jackson au cours de laquelle il fait un exposé sur la portée des fondements du constructivisme radical sur la psychothérapie.
Dans le cadre de l’école de Palo Alto, Paul Watzlawick apporte sa contribution au constructivisme dans son ouvrage How Real is Real (éd. Random House, New York, 1976) traduit en français sous le titre La Réalité de la réalité (Le Seuil, Paris, 1978). Il y distingue notamment une réalité de premier ordre, expérimentable, répétable et vérifiable d’une réalité de second ordre, conventionnelle.
Le constructivisme devient progressivement un des fondements de l’approche de Palo Alto, comme en témoigne la publication en 1981 de L’invention de la réalité, Contributions au constructivisme sous la direction de Paul Watzlawick.